Le nombre de personnes handicapées dans le monde est estimé à un milliard, soit 15 % de la population mondiale. En Haïti, il est estimé à environ 800.000 personnes, soit environ 10% de la population totale du pays2. Ces chiffres peuvent être plus élevés au sein des communautés ayant fui un conflit ou un désastre : en effet, les crises peuvent être à l’origine de nombreux handicaps, et restreignent l’accès à un traitement médical.
Les personnes en situation de handicap sont les plus vulnérables et les plus exclues d’un point de vue social dans toute communauté touchée par une crise. Ils peuvent être en situation d’isolement de par la situation géographique de leur logement, ne pas avoir été pris en compte lors de l’évaluation des besoins ou ne pas ne pas avoir été consultés lors des programmes. Elles peuvent connaitre des difficultés d’accès aux programmes d’aide humanitaire, liées différents obstacles sociétaux, environnementaux et de communication, qui les rendent plus vulnérables aux risques, notamment aux risques de violences basées sur le genre (VBG). Les femmes et les filles handicapées, concernées à la fois par les inégalités liées au genre et le handicap, sont d’autant plus exposées aux VBG.
La violence basée sur le genre est un phénomène qui, force de l’engagement et des efforts des organisations de femmes, des organisations féministes et des organisations des droits de d’homme en général, retient l’attention au niveau international. Cela s’est traduit par des conventions internationales et régionales où les Etats signataires s’engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour éradiquer ce phénomène. Ces efforts ont aussi permis de comprendre que la violence basée sur le genre n’est ni un phénomène isolé ou privé, ni un produit de comportements individuels mais qu’elle résulte des relations structurelles d’inégalité de genre. Aussi, l’éradiquer requiert une réponse multisectorielle et multidimensionnelle où chaque acteur doit jouer efficacement son rôle. Et à date, cela reste un grand défi pour de nombreuses sociétés, dont Haïti. Ce défi est encore plus important quand on place le phénomène au sein du secteur handicap. Car à ce moment, les inégalités de genre et l’exclusion sont combinées pour créer une situation propice à l’extension du phénomène. D’où la nécessité d’outiller les professionnels de VBG, activistes et organisations et de les aider à mettre en place les approches d’inclusion du handicap dans les programmes sur ce phénomène pour qu’ils puissent donner une réponse inclusive et mieux articulée tant en matière de prévention et de prise en charge qu’en matière de plaidoyer pour porter les autres acteurs à assumer leurs responsabilités et respecter leurs engagements. C’est dans cette perspective que se situe ce manuel est élaboré. Puisse t- il être un outil pour accompagner ceux et celles qui veulent contribuer à l’éradication de ce fléau.